Du grotesque au sublime


30 avril 2014 2014

Salon Roger Blin, Odéon 6e

Rencontres animées par Dominique Goy-Blanquet, Florence Naugrette, Daniel Loayza.
Textes lus par Jacques Bonnaffé.



La passion française pour Shakespeare commence un jour de septembre 1827 où Alexandre Dumas quitte son bureau de bonne heure pour se rendre à la première de Hamlet au Théâtre de l’Odéon et retrouve dans la salle Victor Hugo, Charles Nodier, Delacroix, Berlioz, Théophile Gautier, Vigny... Passion que Berlioz résume ainsi : «Shakespeare, en tombant sur moi à l’improviste, me foudroya. Son éclair, en m’ouvrant le ciel de l’art avec un fracas sublime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs.»
Tous, au cours des années suivantes, vont traduire dans leurs compositions l’incandescence de cette rencontre. La jeune génération se divise en deux camps, note Théodore de Banville, «d’une part les romantiques, et de l’autre, les imbéciles», le mot romantique venant signifier pour le second groupe «homme qui connaît Shakespeare et avoue qu’il le connaît.»
Il pointe le début de l’hamlétisme : «toutes les récentes névroses compliquées, musicales, idéalement torturées par la soif de l’exquis quintessencié, qui se croient si modernes, et le sont, viennent en droite ligne d’Elseneur.»