2 juillet : Ahmad Jamal / 3 juillet : Lucky Peterson


les 2 et 3 juillet 2014 2014

Odéon 6e

Mercredi 2 juillet / 20h

Ahmad Jamal nous fera l'honneur de revenir sur le plateau du Théâtre de l'Odéon pour un concert unique à Paris.

AHMAD JAMAL

Saturday Morning – album 2013

Ahmad Jamal – piano
Herlin Riley – batterie
Manolo Badrena – percussions
Réginald Veal – contrebasse
Le pianiste américain Ahmad Jamal est aujourd'hui l'un des derniers grands témoins et acteurs de l'histoire de la musique classique américaine, un terme qu'il préfère à celui de jazz.

Jeudi 3 juillet / 20h

En première partie, Philippe Petrucciani présentera son dernier album Este mundo ; en seconde partie, Lucky Peterson viendra présenter en avant-première son nouvel album The Son of A Blues Man, enregistré à Dallas.

LUCKY PETERSON

The Son of A Blues Man – nouvel album, juin 2014
Lucky Peterson – guitare, chant
Tamara Peterson – chant
Shawn Kellerman – guitare
Timothy Waites – basse
Raul Valdes – batterie
Marvin Hollie – claviers
Lucky Peterson a acquis une réputation comme l'un des artistes les plus éminents de l'époque moderne. Un guitariste, organiste fantastique et chanteur de premier ordre. L'un des joueurs les plus polyvalents travaillant dans le blues.

Dédicace par Lucky Peterson de son nouvel album à l'issue du concert du 3 juillet au Théâtre de l'Odéon.

PHILIPPE PETRUCCIANI

Este mundo – album 2012
Philippe Petrucciani – guitare
Nathalie Blanc – chant
Dominique Di Piazza – basse
Manhu Roche – batterie
Grand mélodiste et rythmicien, Philippe Petrucciani est ici au sommet de son art, tant au niveau de l'interprétation, un swing lyrique unique, que de son écriture. Lui qui a longtemps composé pour son frère, le pianiste Michel Petrucciani, il lui dédie l'émouvant «Mike P».

Le blues est partout où joue un bluesman

 

Tout concert de M. Ahmad Jamal est une fête. Tout concert, une expérience, bien au-delà de la musique.
C’était vrai de son  trio dans les années 1950. Cela le reste  à un point rare, du quartet déjà présenté trois fois à l’Odéon (2013).  
Ahmad Jamal offre à l’œil nu la communion de la musique. Pure circulation d’inconscient à inconscient. Parade nuptiale d’amour et de technique. Érotique de groupe. Tout ce que «la grande musique indienne-américaine» atteint de plus haut. Ahmad Jamal – voir Miles, Mingus, Duke Ellington – ne parle jamais de «jazz». Ils savent de trop près ce à quoi le  mot aura servi. Il parle du blues. Il parle des musiciens, de ce courant qui passe entre  les musiciens, et de sa ville, Pittsburgh, Pennsylvanie. Il y est né le 2 juillet 1930. «Nous devons une part de notre être à  notre ville natale», rêve Albert Einstein.  De loin, cette phrase sonne aussi simple qu’une chanson des rues. Sans compter avec cette chance : nul ne saurait choisir  sa ville natale. De près, ceci, crucial : la phrase d’Einstein nous débarrasse des tragiques âneries de l’origine et du terroir. C’est déjà ça. Elle nous ramène au jazz, sa géographie, son réseau, son rhizome. Levé à 6h du matin, le sourire éclatant et  l'œil d’oiseau, Ahmad Jamal décline tous les musiciens de Pittsburgh : les géants  (Mary Lou Williams, Roy Eldridge, Ray Brown), les humbles, les phénomènes. En scène, avec ses airs de derviche tourneur au génie spontané, il les sait là, présents dans l’air, les fluides, les ondes. Il  joue avec eux, big band du big bang.  
Comme tous les bluesmen, Lucky Peterson vient des bords du Mississippi, ou peut-être de Chicago. Eh bien non ! Il vient de Buffalo, dans l’état de New York (1964). Son guitariste de père y tenait le Governor’s Inn. Tous les blues men, et pas des moindres (Muddy Waters ou Buddy Guy) défilent à la maison.Très tôt, Peterson le Veinard prend des cours d’orgue. Professeur ? M. Jimmy Smith en personne. Il pratique le légendaire Hammond B3 avec la même fougue que la guitare. Le même enthousiasme qui porte sa voix. Le blues, c’est comme le flamenco ou la grande musique afro-américaine. Il est  partout où joue un blues man, un flamenco, Ahmad Jamal. Aussi productif que toute forme fixe (le sonnet, par  exemple, dans la poésie européenne, ou le haïku de l’école de Kyoto), le blues  aux règles faussement simples s’offre à l’infini des combinaisons et de l’engendrement. Chaque fois uniques, comme le cœur de Lucky Peterson.  
L’histoire du «jazz» n’a rien à voir avec ce qu’on raconte. C’est la géographie des âmes et des espaces ; des chemins qui se croisent avec le diable pour témoin. Plus les anges tutélaires de Pittsburgh pour rire avec les diables.

 

Francis Marmande