Le fauché, avec Thomas Clerc


10 mars 2015 2015

Salon Roger Blin, Odéon 6e
 

La tristesse du grand homme était une tristesse vulgaire, terre à terre, ignoble, honteuse et ridicule ; il se trouvait dans ce cas mortifiant que nous connaissons tous, où chaque minute qui s’envole emporte sur ses ailes une chance de salut ; où, l’œil fixé sur l’horloge, le génie de l’invention sent la nécessitéde doubler, tripler, décupler ses forces dans la proportion du temps qui diminue, et de la vitesse approchante de l’heure fatale. L’illustre auteur de la Théorie de la lettre de change avait le lendemain un billet de douze cents francs à payer, et la soirée était fort avancée. En ces sortes de cas, il arrive parfois que, pressé, accablé, pétri, écrasé sous le piston de la nécessité, l’esprit s’élance subitement hors de sa prison par un jet inattendu et victorieux. C’est ce qui arriva probablement au grand romancier...

 

Charles Baudelaire, Comment on paie ses dettes quand on a du génie, présenté par Thomas Clerc, GF-Flammarion, 2015

 

 

Rencontre animée par Daniel Loayza.

 

 

Thomas Clerc est écrivain et critique littéraire, auteur, entre autres, d’Intérieur (Gallimard, 2013) et de L’homme qui tua Roland Barthes (Gallimard, 2010), prix de la nouvelle de l’Académie Française en 2011.