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L'Odéon 6e

Le Théâtre de l'Odéon, qui a ouvert ses portes en 1782, est le plus ancien théâtre-monument de Paris. Le bâtiment se distingue par l'austérité de ses formes cubiques, par sa massivité et par son ordre dorique, auquel les deux architectes avaient donné une justification : c'est l'ordre d'Apollon, le chef des muses. Le caractère monumental de l'édifice est une réminiscence de la grandeur des monuments de l'Antiquité grecque... 

Il a été construit, sur les anciens terrains de l'hôtel de Condé, par les architectes Charles de Wailly (1730-1798) et Marie-Joseph Peyre (1730-1785), représentants du style néoclassique, qu'ils vont contribuer à populariser.





Des arches, de chaque côté de la façade, conduisaient alors aux bâtiments qui flanquent le théâtre, de l'autre côté de la rue, ancrant le bâtiment dans son environnement. Elles ont été démolies en 1833, l'État ayant décidé de se défaire des immeubles attenants. 


Une arcade fait le tour de l'édifice. Jusqu'à la dernière guerre, des bouquinistes tiendront boutique en-dessous.

Le vestibule

À l'intérieur, un vestibule carré, planté de colonnes d'ordre "dorique toscan", s'ouvre à deux escaliers symétriques et monumentaux. Les deux incendies de 1799 et 1818 ont épargné la partie avant du bâtiment, séparée de la salle par un mur épais en maçonnerie : vestibule, escaliers, foyer du public.


À l'origine le plafond du vestibule était percé en son centre d'une ouverture qui en permettait l'éclairage zénital. Mais cette ouverture fut bouchée dès 1783, un an après l'inauguration, lors de la création du foyer du public qui surplombe le vestibule.

Le foyer du public

L'état actuel du foyer du public est à peu de chose près celui d'origine...

 

En 1783, un an après l'ouverture du théâtre, ce foyer est créé au dessus du vestibule (le foyer du public se trouvait à l'inauguration placé latéralement, à l'est de la salle).
Une cheminée "à l'égyptienne", flanquée de deux sphinges, est installée. Le sculpteur Caffieri réalise quelques sculptures décoratives pour le dessus des portes : des petits génies tenant des emblèmes mythologiques. Le buste de Molière sculpté par Houdon ornait alors le dessus de la cheminée (il se trouve actuellement au musée des chateaux de Versailles et de Trianon). À sa place se trouve aujourd'hui un buste en bronze représentant André Antoine, par Aslan (1949).

 

La plupart des sculptures qui ornaient le foyer en 1783 furent déménagées dans la salle Richelieu en 1799, après le premier incendie. Tel fut également le sort de la fameuse statue en marbre blanc représentant Voltaire assis, également par Houdon, qui accueillait les spectateurs dans le vestibule (il avait été offert par Mme Denis à la Comédie Française).




Les cariatides qui se dressent en ronde au-dessus du centre du foyer datent, elles, de la restauration qui a suivi le 2e incendie, en 1818.
Les grandes sculptures (Racine et Corneille, La Comédie et la Tragédie), tout comme les tableaux qui ornent actuellement le foyer, datent de la direction de Félix Duquesnel, autour de 1875.

La salle

La salle, de plan circulaire à l'origine, en ellipse depuis la restauration de Chalgrin en 1808, est la première salle parisienne à prévoir des bancs pour asseoir les spectateurs du parterre. Elle peut contenir 800 spectateurs, depuis sa restauration et sa réouverture en 2006.

Blanche à l'origine, la salle fut bleue, feuille morte, et rouge "Comédie-Française" après la deuxième guerre mondiale, du temps de la "salle Luxembourg", couleur encore en place aujourd'hui.



La restauration du théâtre (2003-2006) a permis de modifier le rapport scène-salle. Pour les besoins de la scénographie contemporaine, et pour simplifier l'accueil des spectacles venus d'autres théâtres, il a été décidé de mettre la scène à l'horizontale (et au niveau de la rue, pour faciliter l'entrée des décors). En contrepartie, la pente du parterre a été nettement amplifiée.  


Détails de la salle

Le plafond d'André Masson

Le plafond actuel (1965), d'André Masson, est élaboré autour du thème central d'Apollon-soleil, et de différentes figures de la tragédie et de la comédie. Il remplace celui peint par Jean-Paul Laurens en 1888.


photo Thierry Depagne / une œuvre d'André Masson, 1965 © ADAGP, Paris 2014

André Masson a repris autour du thème central d'Apollon-Soleil (le héros arrachant le coeur solaire de l'aigle), les figures de la Comédie et de la Tragédie : Eschyle (Agamemnon), Aristophane (Lysistrata), Shakespeare (Les Joyeuses commères de Windsor et Falstaff), Kleist (Penthésilée), Claudel (Tête d'or) ; et enfin trois colosses exprimant les trois attitudes fondamentales de la vie : la jubilation, la douleur et la méditation.

Le Salon Roger Blin

Le Salon Roger Blin, à l'origine un petit foyer, ouvert sur le grand foyer du théâtre, créé à la fin du XIXe siècle, transformé en 1967 par Jean-Louis Barrault en tout petit laboratoire de théâtre, est aujourd'hui un espace de lectures et de rencontres. Il abrite aussi la librairie du théâtre.


Le Salon Roger Blin, sa scène – photo © Thierry Depagne, 18 juin 2008


En 1967 Jean-Louis Barrault avait fait transformer cet espace presque muséal (il abritait une collection de tableaux et de bustes) en un « laboratoire pour textes inédits, un théâtre intime pour création d'oeuvres nouvelles ».


Cette toute petite salle, baptisée Petit-Odéon, puis en 1984 Salle Roger Blin, saura trouver un public curieux, à l'affût des nouveautés.
Durant les années 70, Jean-Pierre Miquel en supervisera la programmation.
Y seront créés Nathalie Sarraute, Carol Berstein, Sam Shepard, François Billetdoux, Bernard-Marie Koltès, Jean-Luc Lagarce, Heiner Müller, Dea Loher, et bien d'autres.


Depuis 1967 l'espace a été repeint en noir, la structure des gradins modifiée à plusieurs reprises au gré des mises aux normes de sécurité.

 

Pourtant lors de la dernière campagne de travaux (2002 - 2006), l'architecte a décidé la remise en l'état du foyer public originel : en effet cette salle ne pouvait plus accueillir de spectacles, les travaux lui faisant perdre ses coulisses.

 

En septembre 2009, cet espace a été à nouveau baptisé Salon Roger Blin, reprenant le nom qui avait été attribué à cette salle en 1984 puis abandonné, et marquant ainsi la présence dans les murs de l'Odéon d'un immense artisan du théâtre aux côtés de Serreau, Gémier et Barrault.

 


Les Ateliers Berthier


Entrepôt de décors de spectacle construit en 1895 par Charles Garnier pour l'Opéra de Paris (dont il est l'architecte) et prolongé dans les années 50, la salle des Ateliers Berthier, située boulevard Berthier, Paris 17e, a été transformée en édifice public en janvier 2003, pour servir de salle provisoire à l'Odéon durant les travaux de sa salle historique, entre 2002 et 2006.



En 2015, le Théâtre de l’Odéon a profité de la trêve estivale pour engager des travaux sur le site des ateliers Berthier afin de moderniser les équipements techniques et de faciliter l’accueil du public dans les espaces de réception.


La salle de spectacle

En mai 2005, les Ateliers Berthier sont devenus officiellement la deuxième salle de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, avec une capacité de 480 spectateurs.



La salle de spectacle a été équipée d’un gril, en vue d’améliorer les conditions de montage et de sécurité. Afin de gagner en hauteur scénique, le gril s’étend désormais à 12,80 mètres de hauteur sur quasiment toute la surface de la salle, 13 mètres de large sur 31 mètres de long. Sous ce gril, des porteuses déplaçables, ou barres mobiles sur lesquelles les décors et les lumières sont accrochés, ont été suspendues et reliées à un système de pilotage central, facilitant les installations scéniques.

Les autres espaces


Les ateliers de construction
Encourager la création c’est aussi donner les moyens de leurs ambitions aux metteurs en scène qu’accompagne l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Grâce aux ateliers de décors et à ses artisans, les artistes peuvent concevoir des scénographies ambitieuses et novatrices.



Les espaces d'accueil du public

Les travaux engagés aux ateliers Berthier ont également permis de remanier les espaces d’accueil du public. Les circulations ont été revues. Un voile de béton a été abattu au fond de l’espace librairie, de façon à ouvrir un nouvel accès au café de l’Odéon. L’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite a été améliorée. Ces changements permettent de fluidifier les accès aux différents lieux de vie, de la librairie au café, dont le bar et les comptoirs ont été remis aux normes, jusqu’à la grande salle.