Il cielo non è un fondale

de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini



1h30

du 09 au 18 décembre 2016 2016

Berthier 17e

avec Francesco Alberici, Daria Deflorian, Monica Demuru, Antonio Tagliarini

« La  question du réel, de la réalité, de sa représentabilité dans l’art et en particulier au théâtre, nous intéresse depuis toujours », écrivent Deflorian et Tagliarini, auteurs, acteurs, performeurs, metteurs en scène qui travaillent ensemble depuis 2008. Pour préparer Reality (2012) et aborder les 748 carnets de notes dans lesquels Janina Turek avait méticuleusement consigné pendant un demi-siècle les moindres détails de son existence banale, ils s’étaient rendus en Pologne pour suivre les parcours quotidiens et s’imprégner du territoire de cette femme au foyer parfaitement inconnue. Dans Ce ne andiamo..., créé un an plus tard, l’un des enjeux du spectacle consiste à faire sentir, sur un plateau nu, la pression des circonstances concrètes de l’existence en Grèce, aujourd’hui : le grincement des rideaux de fer qui se baissent pour ne plus se relever, la rumeur des embouteillages et des manifestations, les silhouettes penchées au-dessus des poubelles pour y fouiller. Cette présence réelle d’Athènes, arrière-fond sur lequel les gestes se détachent pour prendre tout leur relief politique, explique selon les deux artistes que la transition vers leur nouveau projet se soit faite naturellement. Son fil conducteur : « le  paysage comme protagoniste »,  ou encore «  le phénomène irréversible de la métropolisation du paysage et des modes de vie », en ce début de XXIe siècle où notre espèce, pour la première fois de son histoire, est devenue majoritairement urbaine.

Depuis quelques saisons déjà, Deflorian et Tagliarini accumulent les matériaux en vue de préparer Il cielo non è un fondale. Le rapport entre fond et figure ne pouvait que les conduire du côté des arts visuels. En 2014, ils ont présenté ensemble à Milan Il posto (terme qui traduit en italien un titre d’Annie Ernaux : La Place), étude-performance in situ devant une extraordinaire collection d’œuvres du Novecento. Les deux performeurs se sont aussi intéressés au land art, aux recherches de Sophie Calle inversant la hiérarchie entre une présence humaine et ses alentours (Voir la mer), à celles du Hollandais Berndnaut Smilde qui recrée des nuages en intérieur. Ils ont étudié le travail du documentariste Nicolò Bassetti, auteur d’une enquête sur le périphérique de Rome primée au dernier Festival de Venise. Ils ont réfléchi sur les rythmes obsessionnels de la vie contemporaine, sur « l’efficacité hyperactive » qui nous pousse sans cesse à voir, mais nous empêche toujours plus de regarder autour de nous, sans objet immédiat – qui nous prive de simplement contempler...

Qu’appelle-t-on habiter ?  S’il est vrai que «  nous avons troqué notre vie intérieure contre une vie à l’intérieur », comment nos abris nous laissent- ils penser à ceux qui restent « sous la pluie » ? Comment, sur scène, faire entrer le paysage du dehors, comment les faire dialoguer ? Le spectacle ne se réduira pas à une anthologie des matériaux collectés en deux ans de recherches. Deflorian et Tagliarina nous promettent une création pareille à « une fulgurance ».

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