Die Sonne

de & mis en scène par Olivier Py
du 07 mars 2012 au 14 mars 2012
Théâtre de l'Odéon



3h30, avec un entracte


avec Uli Kirsch, Sebastian König, Uwe Preuss, Lucas Prisor, Ingo Raabe, Ilse Ritter, Mandy Rudski et Claudius von Stolzmann.
piano Mathieu Elfassi

Au commencement était le mensonge...
Olivier Py

 

Comment retrouver, après l'épreuve du néant, la joie jaillissante de la parole ? Après son portrait de Mitterrand, Olivier Py renoue dans Die Sonne [Le Soleil] avec les sources plus intimes de son inspiration. Et il a choisi de le faire en langue allemande, avec les acteurs de la Volksbühne (tandis que Castorf viendra travailler à l'Odéon avec des interprètes français). Dans Die Sonne, une troupe de théâtre, qui est aussi en partie une famille, voit son destin et ses désirs portés à incandescence par sa rencontre avec un étrange inconnu en qui se projettent ou s'incarnent toutes les énergies et les appétits de la jeunesse. D'où vient Axel, celui dont le nom même suggère que le monde entier est fait pour pivoter autour de lui ? Est-il surgi de la terre ou de l'eau, est-il fils de marin ou de fossoyeur ? Sexe, rire, beauté, poésie, création, Axel brûle, irradie, mord la vie à pleine bouche. Lorsque le rideau se lève, il porte le maquillage d'un dieu, celui qui s'écrie dans La Légende des siècles : «Place à Tout ! Je suis Pan ; Jupiter ! à genoux.» Tous ceux qui l'aiment le suivent, et tous l'aiment, éblouis, transportés, satellites de ce flamboyant soleil : contre un tel feu, il n'est rien ni personne qui tienne. Pour l'adorer, Mathias veut lui faire l'offrande de sa douleur ; pour le séduire, Charly danse en robe et rêve de devenir une femme. Même celui qui devrait se dire son rival en amour et en poésie, Joseph, l'auteur trop appliqué et responsable, le sérieux, le sceptique, oui, même Joseph «l'enfant de l'hiver oublié dans les décombres» se laisse emporter par la liberté inspirée de celui qui partage avec lui l'amour de Senta, Axel, qui est peut-être le père de l'enfant qu'elle porte – et qui cependant songe, dans un «dérèglement de tous les sens» qui est aussi dévoration de toutes les vies, à épouser Elena, devenant ainsi le beau-père de ce Joseph qui lui résiste en vain ! Mais si soudain l'astre s'éteint, qui pourra lui rendre sa flamme ?... Comme dans Illusions comiques, le héros traverse un cycle, pareil au cercle des saisons. Son voyage exalté le conduit des cimes aux bas-fonds, de l'inspiration au silence – comme si la vie, à son comble, n'était qu'un incendie suivi de cendres. Comment survivre et vivre encore une fois après le passage d’un tel témoin ? Ceux qui connaissent l'œuvre de Py retrouveront ici des thèmes auxquels il ne cesse de revenir depuis qu'il écrit pour le théâtre – et en particulier, tissé dans le motif de l'art comme exigence vitale, le fil rouge de la transmission, du partage et de la paternité.

 

 

à lire Œuvres théâtrales complètes d'Olivier Py, Actes Sud, coll. Babel (deux tomes parus ; tome 3 à paraître au 2e semestre 2011) ; Le Soleil d'Olivier Py, Actes Sud-Papiers (à paraître courant 2012)