Flores para los muertos, flores - flores...
Tennessee Williams
Blanche Dubois, sa valise à la main, s'invite chez sa sœur. Ses rêves trahis, sa solitude, son désespoir sont encore des secrets qu'elle n'a partagés avec personne. Elle n'a plus nulle part où aller, où fuir ce qu'elle est devenue. Et son dernier refuge, dans un quartier populaire de la Nouvelle-Orléans, au bout de la ligne de ce tramway nommé Désir, est un petit appartement en rez-de-chaussée où la proximité des corps, nuit après nuit pendant des mois, finira par tourner au drame... Tennessee Williams avait le génie des titres. Les siens sont souvent inoubliables : La Chatte sur un toit brûlant, Un Tramway nommé Désir, La Nuit de l'iguane suggèrent tout de suite une atmosphère trouble, violemment sensuelle. Pour le public d'aujourd'hui, ces titres sont d'abord ceux de films célèbres. Un Tramway nommé Désir fut créé au théâtre, puis adapté au cinéma par Elia Kazan, qui dirigea dans les deux cas le jeune Marlon Brando dans le rôle de Stanley Kowalski - incontestablement le plus célèbre Américano-Polonais du répertoire. Les personnages de Williams sont nés contemporains d'une grande génération de comédiens, incarnant un style de jeu inouï. L'Actors' Studio semblait inventé tout exprès pour donner corps à des figures telles que Stella, la femme de Stanley, auquel l'unit une passion ouvertement physique ; Blanche, sa sœur déclassée et mythomane, qui se rêve en grande dame distinguée et jamais ne s'est remise de l'échec de son mariage avec un homosexuel ; ou Stanley, que tout oppose à Blanche - Stanley qui se veut viril jusqu'à l'aveuglement, Stanley embarrassé dans ses mots, violent dans ses gestes, sauvage - et qui peut-être ne mesurera jamais la portée de ses actes... Trente ans ou presque après la mort de Williams, son théâtre mérite d'être à nouveau apprécié pour lui-même. Il est temps de rencontrer à nouveau l'un des grands auteurs dramatiques du XXe siècle, et d'entendre ce que son univers a encore à nous dire aujourd'hui, au-delà des clichés d'époque (qui d'ailleurs n'en sont peut-être pas) sur le désir, la névrose, ou la solitude des êtres, qui font que l'on s'imagine connaître Williams sans jamais avoir pris la peine de le lire. Un Tramway nommé Désir avait été en son temps adapté par Jean Cocteau ; pour redécouvrir l'œuvre, Krzysztof Warlikowski, de retour à l'Odéon après sa superbe mise en scène de Krum, en a commandé une traduction nouvelle à Wajdi Mouawad, qui sera ainsi présent à un double titre dans notre saison. Le rôle de Kowalski sera confié à Andrzej Chyra, l'interprète de Roy M. Cohn dans Angels in America, qui vient de tourner dans Katyn, le drame historique réalisé par Wajda. Et pour interpréter Blanche DuBois, égarée dans un monde brutal où son cœur et son esprit trop sensibles achèvent de sombrer sous nos yeux, il a fait appel à Isabelle Huppert.
d'après "Un Tramway nommé désir" de Tennessee Williams
mise en scène Krzysztof Warlikowski
4 février - 3 avril 2010
Théâtre de l'Odéon 6e
texte français : Wajdi Mouawad
adaptation : Krzysztof Warlikowski
collaboration à l'adaptation : Piotr Gruszczynski & Wajdi Mouawad
dramaturge : Piotr Gruszczynski
décor & costumes : Malgorzata Szczesniak
collaboration aux costumes : Cédric Tirado
lumière : Felice Ross
musique : Pawel Mykietyn
perruques & maquillage : Luc Verschueren
vidéo : Denis Guéguin
son : Jean-Louis Imbert
avec Isabelle Huppert, Andrzej Chyra, Florence Thomassin, Yann Collette, Renate Jett, Cristián Soto
durée : 2h35
production Odéon-Théâtre de l'Europe, Nowy Teatr – Varsovie, Grand Théâtre de Luxembourg, De Koninklijke Schouwburg – den Haag, Holland Festival – Amsterdam, Comédie de Genève, spielzeit'europa | Berliner Festspiele, MC2:Grenoble.
Avec le soutien de l'Institut Polonais Paris.
Mademoiselle Huppert est habillée par la Maison Yves Saint Laurent et la Maison Christian Dior.
Spectacle en audio-description les dimanches 14 et 28 mars à 15h ; le mercredi 17 et samedi 27 mars à 20h. Des casques diffusant une description simultanée et un programme en braille ou en gros caractères sont mis gratuitement à disposition.
En collaboration avec Accès Culture.
Contact : Karine Charmot, téléphone : 01 44 85 40 37, ou par courriel : karine.charmot@theatre-odeon.fr