Meine faire Dame. Ein Sprachlabor

mise en scène Christoph Marthaler
direction musicale Bendix Dethleffsen



2h

du 11 au 16 décembre 2012 2012

Berthier 17e

avec Tora Augestad, Karl-Heinz Brandt, Carina Braunschmidt, Mihai Grigoriu, Graham F. Valentine, Michael von der Heide, Nikola Weisse
et les musiciens Bendix Dethleffsen (piano), Mihai Grigoriu (orgue)

Le professeur Zoltan Karpathy, de retour de la conférence annuelle sur les accents du sud de l’Angleterre, découvre devant la porte de son laboratoire de langues un superbe bouquet d’hortensias... Quelle mystérieuse et charmante surprise ! A qui la doit-il ? Fiché parmi les fleurs, un petit billet ainsi libellé : «Vous avez jusqu’à minuit pour résoudre l’énigme suivante, ou je ne réponds plus de rien : Qu’est-ce qui est d’abord de l’air pur, puis une ombre qui chantonne, puis une douleur, puis un souvenir ? Déposez votre réponse à l’heure dite sous la selle de la jument Bystander, dans l’hippodrome de notre ville. Vous menaçant de tout cœur, votre F. D. » Tremblant, Karpathy laisse échapper le billet : tout est clair désormais – inutile de faire semblant, il sait qu’il est démasqué... Aussi excellent musicien que sincère amateur de formica, de chemisiers en nylon et de sols en linoléum, Marthaler est le chantre doux-amer d’une certaine banalité contemporaine, l’inventeur d’un mélange unique d’autodérision faussement ringarde et d’ironie pince-sans-rire. Ce paradoxal arbitre des élégances saisit comme personne le démodé à l’instant poético-burlesque où il n’est pas encore vintage, pour méditer ou détourner les leçons du mauvais goût avant qu’il se transmue en second degré : en témoignent cette fois-ci les lunettes des élèves du laboratoire, les chaussettes blanches de ces messieurs, ou telle paire de pantoufles dont le porteur a oublié de couper l’étiquette du prix... Chez le professeur Karpathy, où l’on s’initie aux subtilités linguistiques sous le regard insondable de Sa Majesté la Reine, la langue bégaie, sens et syntaxe se font des crocs-en-jambe – et tout à coup ces mêmes voix embarrassées ou muettes un instant plus tôt rejettent leurs chaînes pour interpréter des tubes avec une impeccable maestria : qu’il s’agisse d’extraits de My Fair Lady ou de La Flûte enchantée, d’emprunts au répertoire de Wham! ou de Bryan Adams, chaque numéro est un tour de force musical et spirituel.