La Scène imaginaire de Patrice Chéreau


25 mars 2013 2013

Grande Salle

C’est je crois la seule chose importante pour un metteur en scène : travailler avec des écrivains qui soient ses contemporains, être à l’écoute des auteurs, à l’affût si je puis dire, chercher à collaborer avec eux. J’ai débuté en mettant en scène des textes classiques ou des textes chinois – très beaux au demeurant –et j’ai mis beaucoup de temps pour rencontrer des écrivains contemporains. Puis il y a eu la rencontre avec Koltès qui a changé ma vie en ceci que j’avais la possibilité de lire le monde à travers la perspective d’un auteur. C’est-à-dire de quelqu’un qui avait un univers, une réflexion bien à lui et qui n’étaient pas les miens mais au service desquels j’ai eu envie de me mettre. Quelqu’un qui disposait d’un point de vue absolument irréductible – souvent plus rebelle que moi ! – sur le monde et son cours, sur les gens qu’il regardait et auxquels il savait donner la parole.



Patrice Chéreau, J’y arriverai un jour (Actes Sud, coll. Le temps du théâtre, 2009)


Avec des textes de William Shakespeare, Bernard-Marie Koltès, Hugo von Hofmannsthal, Arthur Rimbaud, Georg Büchner, Hervé Guibert, Aslı Erdoğan.


Après un passage au Piccolo Teatro de Milan, Patrice Chéreau devient codirecteur du TNP de Villeurbanne en 1972. Dix ans plus tard, il prend la direction du Théâtre des Amandiers de Nanterre, où il crée plusieurs pièces de Bernard-Marie Koltès. En 1983, L’Homme blessé le fait connaître des cinéphiles et obtient le César du meilleur scénario. Viennent ensuite La Reine Margot (prix du jury au Festival de Cannes de 1994) ou encore Intimité (Ours d’or au Festival de Berlin 2001 et prix Louis-Delluc) ; son dernier film, Persécution, est sorti en décembre 2009. Pour l’inauguration des Ateliers Berthier en 2003, Chéreau revient au théâtre en montant Phèdre, de Racine, avec Dominique Blanc dans le rôle-titre. Il la retrouve six ans plus tard pour La Douleur, de Marguerite Duras ; la même année, il dirige Romain Duris dans La Nuit juste avant les forêts, de Koltès. À l’opéra, Chéreau a notamment collaboré avec Pierre Boulez (Der Ring des Nibelungen, la Tétralogie de Wagner à Bayreuth, De la maison des morts de Janácek) ou Daniel Barenboim (Wozzeck de Berg, Don Giovanni de Mozart, Tristan et Isolde de Wagner) ; en juillet 2013, il mettra en scène Elektra, de Strauss, au Festival d’Aix-en-Provence, sous la direction musicale d’Esa-Pekka Salonen.