avec Carole Labouze, Franck Laisné, Laure Lefort, Rodolphe Martin, Garance Rivoal
Fragilité violente de la jeunesse
Une année sans été, cela laisse trois saisons, une par acte, en commençant par l’automne – temps des rentrées, donc des départs et des migrations. Gérard veut écrire, il va partir de chez lui, loin de sa ville natale et des bureaux de son père. Gérard a dix-neuf ans, il est bien jeune pour être prudent : une fois à Paris, il avisera. En attendant, tout à son exaltation, il est aussi lyrique que décidé – mais pour peu qu’on l’écoute vraiment et qu’on prenne garde à son projet, le voilà déjà moins sûr d’avoir fait le bon choix. Celle qui l’écoute si profondément, qui l’interroge et l’encourage dans son français maladroit d’Allemande, est à peine plus âgée que lui. Elle aussi voudrait écrire ; elle non plus ne va pas tarder à s’en aller, mais plutôt du côté de l’Angleterre. Avant de traverser la Manche, Anna viendra cependant rendre visite à Gérard. Dans une rue froide de Paris, il lui raconte sa solitude et lui demande en vain de rester, comme s’il n’avait pas vu avec quelle douceur attentive la petite Louisette, la fille de sa logeuse, veillait sur lui à mesure que les journées se faisaient plus courtes... Ainsi commence Une année sans été, la première pièce qu’a publiée Catherine Anne en 1987. De ses cinq personnages – deux hommes, trois femmes – aucun n’a plus de vingt ans. L’intrigue est simple et hasardeuse. Les rencontres se font en tâtonnant, les amitiés se nouent puis se défont, les sentiments se dessinent tant bien que mal tandis que les questions se bousculent, maladroitement, cruellement.
Pour son coup d’essai, Catherine Anne (qui dit de son texte qu’il fut «librement inspiré par la vie et l’œuvre de Rainer Maria Rilke») a réussi une pièce habitée par la fragilité violente de la jeunesse. Car il n’est question que d’elle. Tout ici en parle, et du besoin de s’arracher à la «mort sédentaire» pour trouver sa voie ou s’exposer à son tour au monde, entre besoin d’amour, désir de créer et urgence du mouvement. Joël Pommerat, sensible à cette jeunesse d’un temps révolu, a suffisamment aimé cette pièce pour désirer la mettre en scène. Pour cela, il ouvre une parenthèse dans sa propre carrière de «créateur de spectacles» afin de se mettre au service d’une autre écriture que la sienne. C’est donc à travers sa vision que nous sera révélé ce qu’il advint de la saison manquante – et comment, dans ces destins presque sans histoire, le couperet de la grande Histoire finira par s’abattre.
Générique
Scénographie, lumière Eric Soyer
Assistant lumière Renaud Fouquet
Responsable construction À travers Champs - Thomas Ramon
Création costumes et accessoires Isabelle Deffin
Musique originale Antonin Leymarie
Son François Leymarie
Recherche sonore Yann Priest
Assistante mise en scène et coach en allemand Bettina Kühlke
Dramaturgie Marion Boudier
Collaboration artistique Saadia Bentaïeb, Philippe Carbonneaux, Marie Piemontese
Direction technique Emmanuel Abate
Régie lumière Renaud Fouquet
Régie son Yann Priest
Régie plateau Lorenzo Graouer, Sylvain Caillat
Création le 8 janvier 2014 à l’Hippodrome – Scène nationale de Douai.
Production : Compagnie Louis Brouillard
Coproduction : Théâtre National de Bruxelles, Odéon – Théâtre de L’Europe, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, CNCDC- Centre National de création et de diffusions culturelles de Châteauvallon, L’Hippodrome - Scène nationale de Douai, Saint-Valéry en Caux - Le Rayon Vert, Théâtre d’Arles - Scène conventionnée pour des écritures d’aujourd’hui.
Une année sans été a bénéficié de résidences de création à la maison des métallos, au T2G - Centre Dramatique National de Gennevilliers et au Théâtre Paris-Villette.
La Compagnie Louis Brouillard reçoit le soutien du Ministère de la Culture/Drac Ile-de-France et de la Région Ile-de-France. Joël Pommerat est artiste associé au Théâtre National de Bruxelles.
Le texte de Catherine Anne est publié aux Éditions Actes Sud-papiers
Infos pratiques
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