Alexandre Soljénitsyne


12 octobre 2015 2015

Grande Salle

Comment faire pour vivre en Occident ? La meule du KGB ne s'est jamais fatiguée de chercher à me broyer, j'ai l'habitude, mais il y en a maintenant une autre, celle de l'Occident, qui est venue se placer tout contre la première et travaille de son côté. Comment vivre ici ? [...] il me semble que j'ai perdu toute raison, que je ne sais plus agir, que tout ce que je fais est erroné. Autant je m'orientais, à l'Est, d'un œil sûr, autant je vais ici à l'aveuglette.



Alexandre Soljénitsyne, Le grain tombé entre les meules, Fayard, 1998


Animé par Paula Jacques



Alexandre Soljénitsyne est né en 1918 Kislovodsk, dans le Nord-Caucase, un an après la Révolution d'octobre. Très tôt, ce passionné de littérature épouse la cause communiste. Mais en 1945 une lettre où il critique Staline est découverte par la censure militaire. Il est condamné à huit ans de bagne, puis à la relégation au Kazakhstan. Dès sa libération il se met à raconter l'horreur des camps. La déstalinisation qui s'installe à partir de 1956 lui permet, tout en enseignant les sciences physiques, de publier son premier roman en 1962, Une journée dans la vie d'Ivan Denissovitch. Son retentissement en Russie et dans le monde est considérable. En 1970 Soljenitsyne obtient le prix Nobel de littérature. L'Archipel du Goulag est publié à Paris, en russe, en 1973, le manuscrit ayant pu être clandestinement sorti d'URSS. Il y restera interdit jusqu’en 1989. Soljenitsyne est arrêté l'année suivante, expulsé à Frankfort et privé de sa citoyenneté. C'est l'exil, en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis où il s'établit en 1976. Sur ses années d'exil, il écrit Le grain tombé entre les meules (1998-2005). Soljenitsyne attendra la dislocation de l'URSS pour revenir en 1994 sur sa terre natale, où il meurt, à Moscou, en 2008.


Georges Nivat est historien des idées et slavisant, traducteur et spécialiste du monde russe. Il est entre autre l'auteur de Le Phénomène Soljénitsyne (Fayard, 2009), et de Les Trois Âges russes (Fayard, 2015)