Der Weibsteufel
de Karl Schönherr
mise en scène Martin Kušej
1h30
avec Birgit Minichmayr, Tobias Moretti, Werner Wölbern
« L’homme. Sa femme. Un jeune chasseur alpin. Scène : une salle. » L’action est aussi limpide que ces indications sont lapidaires. Toute la crise va se jouer à demi-mot, quelque part dans les Alpes autrichiennes. L’homme est contrebandier. Le chasseur alpin a été chargé d’entrer dans les bonnes grâces de son épouse pour recueillir des preuves. Le trafiquant pousse donc sa femme à séduire l’enquêteur, afin de faire échouer sa mission. Mais les affects des uns et des autres, d’abord simulés, vont déchaîner des forces qu’ils ne soupçonnaient pas – et la femme, après avoir été manipulée dans la partie que les deux hommes jouent à distance l’un contre l’autre, finit par retourner la situation… Karl Schönherr fut avec Arthur Schnitzler l’auteur dramatique autrichien qui remporta le plus de succès dans les années qui précédèrent la Première guerre mondiale. Der Weibsteufel est considéré comme l’un de ses chefs-d’œuvre. Tout en donnant lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques, la pièce elle-même est rarement montée, ce qui peut s’expliquer par son caractère régionaliste, voire « tyrolien ». D’où le succès éclatant de la présente mise en scène.
Martin Kusej, 47 ans, ancien directeur théâtral des Salzburger Festspiele, et qui connaît l’auteur mieux que personne, a trouvé le moyen d’arracher le trio infernal à tout folklore et d’élever l’affrontement à la puissance d’un mythe. Pour cela, il a d’abord demandé à Martin Zehetgruber d’inscrire l’action dans un enchevêtrement de troncs aux proportions colossales, qui évoque autant une forêt de montagne après l’avalanche que les ruines d’une lutte entre puissances titanesques. Ensuite et surtout, il a confié les rôles à trois interprètes qui se sont surpassés : la presse a été unanime à saluer en l’héroïne anonyme incarnée par Birgit Minichmayr une soeur de Salomé ou de Lulu.