avec John Arnold, Bruno Blairet, Scali Delpeyrat, Philippe Girard, Elizabeth Mazev, Jean-Marie Winling
et le Quatuor Léonis
J’ai résolu la question philosophique.
François Mitterrand
En 1995, il y a quinze ans à peine, François Mitterrand savait qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre. Mais cette mort, nous-mêmes le savons aujourd’hui, il en éprouvait l’ombre depuis 1981 ; il l’avait sentie se poser sur lui en même temps ou à peu près qu’il assumait la présidence. Elle fut pour lui comme une interlocutrice familière, le poussant, dès qu’elle fut de ses intimes, à «sculpter sa propre statue». Elle fut aussi l’un de ses secrets – l’objet d’un long silence et d’une interrogation qui ne cessa de le hanter. Au cours de ses derniers mois, alors que Jacques Chirac entre à l’Élysée, Mitterrand quittant le pouvoir entre pas à pas dans la mort, attentif à réussir sa fin. L’agonie, dans son acception grecque, est d’abord un combat ; il le mène de façon à subjuguer encore et toujours, confiant par exemple à Jack Lang «Je sais – j’ai résolu la question philosophique», et attentif à rester conscient jusqu’au bout…
En 1995, l’année des 24 heures de La Servante, Olivier Py avait trente ans. Ce fut aussi l’année où il entama une grève de la faim pour dénoncer la passivité française devant l’horreur de la guerre en Serbie. Cela faisait déjà quelque temps qu’il épiait le masque que Mitterrand s’était composé, étudiant sur ses traits les marques du temps, du pouvoir, de la vie publique. Py n’avait pas encore écrit Faust nocturne ou Les Enfants de Saturne, où figurent déjà des personnages face à leur fin. Mais depuis 1995, on sait à quel point la mort – ou plutôt la Mort – est à l’oeuvre dans l’imaginaire théâtral d’Olivier Py. N’est-ce pas à la Mort même qu’il fait dire, dans ses Illusions comiques : «Le théâtre est une mort où l’on est deux ?»
Pour cette méditation autour du dernier Mitterrand, où l’on reconnaîtra quelques détails très librement empruntés à ses biographies, Py rêve d’une demi douzaine d’acteurs jouant une trentaine de rôles et visitant en procession, comme en une mystérieuse tentation de Saint Antoine, celui qui mérita d’être surnommé le Sphinx.
à lire Mitterrand, une histoire de Français de Jean Lacouture, Seuil, 1998 (2 vol.)
Générique
un spectacle d'Olivier Py
création
Théâtre de l'Odéon
16 mars > 10 avril 2011
le mercredi 30 mars à 20h et le dimanche 3 avril à 15h, des casques diffusant une description simultanée et un programme en braille ou en gros caractères sont mis gratuitement à disposition des déficients visuels.
décor, costumes & maquillages : Pierre-André Weitz
lumière : Olivier Py avec Bertrand Killy
avec : John Arnold, Bruno Blairet, Scali Delpeyrat, Philippe Girard, Elizabeth Mazev, Jean-Marie Winling
et le Quatuor Léonis
durée : 2h20
production Odéon-Théâtre de l'Europe