Auslöschung

[Extinction]

d'après THOMAS BERNHARD
mise en scène KRYSTIAN LUPA
du 22 janvier 2002 au 02 février 2002



avec Waldemar Barwinski, Dominik Cziao, Jaga Dolinska, Adam Ferency, Jolanta Fraszynska, Michal Gadomski, Jaroslaw Gajewski, Lukasz Jaroszynski, Maja Komorowska, Aleksandra Konieczna, Zygmunt Malanowicz, Malgorzata Niemirska, Agnieszka Roszkowska, Piotr Skiba, Krzysztof Szekalski, Andrzej Szreremeta, Marcin Tronski, Marek Walczewski, Agnieszka Wosinska, Wojciech Wysocki.

Les futurs maîtres n'existent pas et les maîtres passés sont morts - Thomas Bernhard

Krystian Lupa, le grand représentant polonais du théâtre d'art que le public parisien a découvert à l'Odéon avec ses adaptations des Somnambules et des Frères Karamazov, nous propose cette saison sa vision de la dernière oeuvre romanesque majeure de Thomas Bernhard. A La suite d'un accident de voiture, un certain Murau se retrouve l'unique héritier de Wolfsegg, le domaine familial qu'il déteste par-dessus tout. De retour sur les lieux de son enfance, non loin de la Villa où ses parents cachèrent des dignitaires nazis après la guerre, il se prépare à leurs funérailles, auxquelles vient assister le vieil amant de sa mère, l'éloquent, l'inénarable et à certains égards l'admirable ou affreux archevêque Spadolini. Peu à peu, le narrateur mûrit sa décision d'écrire l'Extinction de Wolfsegg, de sa famille, mais aussi de toute sa vie ; cette "extinction" est ainsi à la fois acquittement d'une dette, règlement de comptes, mais aussi interminable travail de la libération et du consentement à la disparition. Wolfsegg est un concentré de l'Autriche et de son histoire selon Bernhard, et cette patrie exécrée est à son tour une figure obsédante de l'horreur contemporaine. Extinction peut du coup être lu comme une sorte de capricieuse encyclopédie de la détestation du monde - on y trouve des opinions sur presque tout, sombrement motivées et fanatiquement ressassées avec l'humour implacablement ambigu qui est la marque de Thomas Bernhard - mais aussi, en pointillés, comme un dernier art de vivre avant l'évanouissement. Krystian Lupa, qui a déjà monté des oeuvres théâtrales de Bernard, s'est fixé ici la gageure de tirer du monologue de Murau un spectacle polyphonique qui le force à réinventer sur de nouvelles bases son art du "réalisme magique". Tous les spectateurs qui ont vu Extinction à Varsovie s'accordent à reconnaître qu'il y a magnifiquement réussi.

 

A lire...
Thomas Bernhard : Extinction, Paris, Gallimard, 1990 (trad. Gilberte Lambrichs).
Chantal Thomas : Thomas Bernhard, Paris, Seuil, coll. Les Contemporains, 1990.
Krystian Lupa, Michel Archimbaud : Entretien avec K. Lupa, CNT, C&D International Editors, 1999