avec Katelijne Damen, Stefaan Degand, Abke Haring, Han Kerckhoffs, Johan Leysen, Johan van Assche, Jos Verbist
chant Collegium Vocale Gent

Prédictions, épée miraculeuse, apparitions, invocations du diable...
Tom Lanoye

 

Guy Cassiers compte parmi les principaux artistes qui ont communiqué à la scène flamande actuelle son extraordinaire vitalité et son audience internationale. Cassiers est passé maître dans l'emploi de la vidéo, dont il sait déjouer tous les pièges décoratifs, et son travail de sonorisation du plateau confère aux voix de ses interprètes une texture et une présence inoubliables. Depuis plusieurs saisons, ses spectacles interrogent les relations complexes entre l'art, la politique et le pouvoir, en s'appuyant sur des interprètes remarquables – Cassiers est un directeur d'acteurs réputé – et sur des textes, souvent d'origine romanesque, qui marquent sa prédilection pour l'écriture moderne ou contemporaine : au fil des années, Cassiers a exploré un vaste répertoire européen, composant une sorte d'autoportrait historique du continent qui va de Jeroen Brouwers à Malcolm Lowry, de Marcel Proust à Robert Musil. Parmi les étapes marquantes de l'enquête que poursuit Cassiers, le Triptyque du pouvoir, présenté au Festival d'Avignon, occupe une place éminente. Ses premier et dernier volets, adaptés respectivement de Klaus Mann et d'Eschyle, Euripide, Bush, Rumsfeld et Malaparte, sont dus à Tom Lanoye, l'un des auteurs flamands les plus inventifs et les plus traduits de sa génération. Après s'être concentrés ensemble sur les versants politiques et militaires du pouvoir, Cassiers et Lanoye se penchent ici sur ses formes juridiques et religieuses. Dans Bloed & rozen, ils s'intéressent au couple mystérieusement antithétique que forme la petite Jeanne «qu'Anglais brûlèrent à Rouen» avec son compagnon d'armes Gilles de Rais, grand seigneur et maréchal de France. Selon Lanoye, «tous deux sont des phénomènes uniques à une époque exception- nellement agitée.Tous deux entrent en conflit ouvert avec l'Église – Jeanne en affirmant qu'elle reçoit des ordres directs de Dieu, sans l'intercession du clergé ; Gilles en cherchant contact avec le diable et en entrant armé dans une petite église – et tous deux perdront le combat. Tous deux sont des exceptions remarquables dans leur environ- nement, alors que toute leur identité repose sur cet environnement. Jeanne : fille du peuple – mais demeure vierge et est aussi un soldat. Gilles : aristocrate – mais homosexuel, échange vite sa gloire militaire pour celle d'un panier percé et d'un baron de cérémonie, plutôt que de rester politicien ou courtisan ; il s'enferme toujours plus dans l'isolement des tueries, des rituels alchimistes, des invocations sataniques, des processions voyantes, des saintes messes avec beaucoup de chorales, des beuveries...» Les figures hors normes de Jeanne et Gilles sont pour Cassiers et Lanoye l'occasion d'interroger certains mécanismes obscurs d'une psyché religieuse (superstitieuse ou fondamentaliste) qui nous tend encore, six siècles après la guerre de Cent ans, son sinistre miroir.

 

 

à lire Sang et roses, suivi de Mamma Medea, de Tom Lanoye, trad. d’Alain van Crugten, Actes Sud-Papiers, juin 2011 ; La Langue de ma mère, trad. Alain van Crugten, Paris, La Différence, 2011, Forteresse Europe, trad. Alain van Crugten, Paris, La Différence, 2012.

 

Générique

en néerlandais surtitré

 

de Tom Lanoye
mise en scène Guy Cassiers

 

8 – 12 février 2012
Théâtre de l'Odéon / 6e

 

traduction : Alain van Crugten
dramaturgie : Erwin Jans
scénographie : Guy Cassiers, Enrico Bagnoli & Ief Spincemaille
lumière : Enrico Bagnoli
costumes : Tim van Steenbergen avec Mieke van Buggenhout
musique : Dominique Pauwels
son : Diederik de Cock
vidéo : Ief Spincemaille

 

avec Katelijne Damen, Stefaan Degand, Abke Haring, Han Kerckhoffs, Johan Leysen, Johan van Assche, Jos Verbist
chant Collegium Vocale Gent



production Toneelhuis
coproduction Festival d'Avignon, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, De Tijd, Collegium Vocale Gent, deSingel

 

créé le 26 mai 2011 à la Toneelhuis (Théâtre Bourla) – Anvers
Le texte est édité chez Actes Sud-papiers.