avec Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet
textes lus par Marie Micla
Comme il vous plaira – où comment faire tenir en une seule comédie une usurpation cruelle qui manque de tourner au tragique ? une pastorale sévère sur laquelle souffle le vent d’hiver ? une pastorale aimable mais occupée d’une cour d’amour d’homme à homme, celle à qui elle s’adresse étant pour l’heure déguisée en berger ? lequel déguisement crée la zizanie dans un couple de pastoureaux d’opérette dont la femme s’éprend d’une femme, faute de savoir qui se cache sous les habits du mystifiant berger ? pour finir par un dénouement en forme de devinette : chacun aura-t-il sa chacune, sur fond de restauration sereine de l’ordre politique ? Il faut toute l’insolente désinvolture de Shakespeare avec les héritages littéraires pour que la forêt des Ardennes chère à Pétrarque devienne une Forêt d’Arden anglaise où se rencontrent un duc exilé en Robin des bois et des amants qui souffrent de la blessure délicieuse sous des déguisements incongrus ; et pour que le genre compassé de la pastorale soit bouleversé par la rencontre d’un bouffon rustique et d’un philosophe venu nous rassurer : la vie est un théâtre, où hommes et femmes ne sont que des acteurs...
Gisèle Venet
Rencontre animée par Jean-Yves Tadié
Infos pratiques
Le théâtre, c’est la couleur, ce sont les toiles peintes, la joie du carton-pâte, les vêtements que personne ne porte dans la rue, les chevaux qui ne tirent plus de calèche, ou les calèches à moteur, les femmes et les hommes qui parlent comme nous ne parlerons jamais : en vers, en alexandrins, en faisant résonner les e muets, les silences, en faisant zézayer les liaisons entre les mots.
Le théâtre, c’est aussi le contraire. Le fond de décor noir, l’entrepôt dévasté, l’homme aux rubans verts sans rubans du tout. Lully remplacé par le rock, la froideur par l’hystérie. C’est l’immense effort de mise à jour auquel sont soumis les spectacles de notre mémoire.
Lire le théâtre, c’est passer de la lecture silencieuse à la voix, de la voix aux voix, au jeu, au spectacle. C’est retrouver une voix unique, celle de l’auteur qui par la bouche de l’acteur, par tout son corps, nous parle, notre voix.
Jean-Yves Tadié
Spécialiste de Proust – il a dirigé la nouvelle édition de la Recherche du temps perdu dans la collection de la Pléiade – Jean-Yves Tadié dirige la collection Folio Théâtre chez Gallimard, qui publie les plus grandes pièces classiques et contemporaines du répertoire français et étranger.
en partenariat avec Gallimard et Folio Théâtre