avec Jean-Michel Balthazar, Adrien Cauchetier, Antoine Cholet, Nicolas Chupin, Patrice Costa, Gilles Fisseau, Jean-François Lapalus, Daniel Martin, Bruno Ouzeau, Philippe Torreton, Martine Vandeville, Maud Wyler
Faire naître un peu de beauté.
Après sa création à Rennes et une tournée triomphale dans toute la France, voici enfin à Paris l’homme au panache comme vous ne l’avez jamais vu ! Dans l’imaginaire collectif, s’il est une créature dont la silhouette de cape, d’épée, de plume paraissait fixée pour l’éternité, c’est bien Cyrano. Et puis arrive un jour où un artiste se penche sur un texte qui, a priori, ne lui paraissait pas destiné, y reconnaît des motifs qui l’intéressent depuis toujours, y dégage scène par scène une cohérence nouvelle… Dominique Pitoiset, dans son travail, s’est souvent fondé sur une dramaturgie du corps souffrant, capturé dans la cage de scène comme en une boîte d’entomologiste : on n’a pas oublié à l’Odéon le Prospero aveugle de sa Tempête, et le Willy Loman de sa Mort d’un commis voyageur revivait toute la pièce dont il est le protagoniste en un seul long flash-back où se déchaînait sa confusion mentale. Son Cyrano relève de la même vision. Enfermé dans un asile, il porte dès les premières minutes la plaie à la tête qu’il ne reçoit d’ordinaire qu’au dernier acte. Toute l’intrigue n’est peut-être que le délire d’un homme seul, une histoire qu’il parvient à faire partager comme un jeu à ses camarades de détention, pour faire naître un peu de beauté dans leur existence affreuse. Pitoiset est parti de l’intuition que Cyrano voulait être ce qu’il est, ne cessait jamais de se hisser, de gageure en gageure, à la hauteur de l’identité qu’il s’était rêvée. Il est en somme le premier à se prendre pour Cyrano. Et il fait tout pour en persuader le reste du monde, qui finalement ne demande pas mieux : c’est tellement distrayant, et même pratique, de côtoyer un gaillard assez fou pour défier les puissants et se battre au besoin à un contre «oh ! pas tout à fait cent»… Au fond, si le nez de ce Cyrano-là n'existait pas, il l’aurait inventé, cet accessoire indispensable à la construction de son idéal de soi, cet appendice obscène bien fait pour l’astreindre à tenir sans jamais faiblir son rôle de provocateur paranoïaque, contraint de surmonter à force d’esprit l’horreur du corps. Et ça marche : ce Cyrano qui se bâtit ainsi sous nos yeux, nous l’accompagnons, nous y croyons, nous nous laissons conquérir, emportés par sa force et sa poésie. Décidément, Cyrano ne sera plus jamais comme avant. Pitoiset a largement gagné son pari – et avec lui Philippe Torreton, qui tient là l’un de ses plus grands rôles.
Générique
mise en scène Dominique Pitoiset
dramaturgie Daniel Loayza
scénographie et costumes Kattrin Michel
lumière Christophe Pitoiset
travail vocal Anne Fischer
Assistants à la mise en scène Marie Favre, Stephen Taylor
production déléguée Théâtre National de Bretagne – Rennes
coproduction MC2 : Grenoble ; Théâtre national de Bordeaux Aquitaine ;
Compagnie Pitoiset – Dijon ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ;
Espace Malraux / Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie ;
Centre National de Création et de Diffusion Culturelles de Châteauvallon ;
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines / Scène Nationale
créé le 5 février 2013 au Théâtre National de Bretagne – Rennes
Infos pratiques
durée 2h40.
Rencontre avec l'équipe artistique le 13/06 à l'issue de la représentation