avec Julie Kpéré, Norah Krief, Manuel Le Lièvre, Mathias Levy, Olivier Martin-Salvan, Christian Paccoud, Dominique Parent, Myrto Procopiou, Agnès Sourdillon, Nicolas Struve, Valérie Vinci & Richard Pierre, Raphaël Dupleix

Une main écrit sur le mur :
La joie est-elle sans raison ?
Un perroquet répète sept fois :
Les mots pensent-ils pour nous ?

Valère Novarina

«Le modèle secret est peut-être Faust – non celui de Goethe – mais un Faust forain vu enfant à Thonon dans les années  cinquante, joué entre deux airs de Bourvil par Gugusse, le «célèbre clown de la Loterie Pierrot». Faust-Gugusse prétendait que toute notre vie avait lieu «en temps de carnaval», puisque le finale en était un «adieu à la chair» ; madame Albertine, sa comparse dans le public, lui lançait, en trois mots, de prendre ça comme un don, une offrande : et elle lui proposait toutes les quatre minutes de jouer sa vie aux dés... [...]. J’essaye de reconstituer l’ordre des scènes de cette pièce vue enfant [...] Le Vrai sang est un drame forain, un théâtre de carnaval, en ce sens que les acteurs, d’un même mouvement, [...] incarnent et quittent la chair, sortent d’homme, deviennent des figures qui passent sur les murs, des traces peintes d’animaux, des empreintes, des signaux humains épars, lancés, disséminés : des anthropoglyphes.»
Le chantier ouvert par Novarina semble donc avoir puisé à plusieurs sources. D’abord, celle de l’enfance – l’âge où s’opère tout naturellement l’indistinction entre «grande culture» et traditions populaires : Faust peut être, avec profit, incarné par un clown. Ensuite, celle des étymologies italiennes du mot «carnaval», dérivé tantôt de carne levare, «ôter, enlever la chair», tantôt de carne, vale ! «adieu, la chair !».
Avant le Carême, corps ou chair carnavalesques s’exposent et s’offrent festivement, mais cette exposition est inséparable d’une disparition où la chair se dévore et où le corps se masque. Ce paradoxe était fait pour retenir l’attention de Novarina, selon qui l’acteur n’entre en scène que s’il en sort du même coup… Or cette apparition évanouissante, tout en creusant la place du théâtre, consomme – à tous les sens du terme – beaucoup d’humanité. Comme le dit encore Mme Albertine, «le seul avantage que nous avons sur les marionnettes», c’est que «les marionnettes ne peuvent offrir leur bois». L’humain, lui, est un animal qui laisse des traces sur les parois, même s’il lui faut saigner au passage (troisième source, donc : la préhistoire, le besoin chamanique de se produire par «signaux humains épars» auquel nous devons tant de mains négatives et d’«anthropoglyphes»). Le vrai sang est peut-être celui qui se donne, et qui peut servir d’encre. Ce n’est donc pas de bois que seront faits des personnages – plus d’une vingtaine – tels que Jean Monomonde, Saporigène ou la Dame du Déséquilibre, précipités dans une trentaine de scènes – dont la première, à elle seule tout un programme, s’intitule «Entrée dans le Mélodrome» !

 

 

à lire Lumières du corps de Valère Novarina, P.O.L, 2006
Le texte du Vrai sang sera publié en janvier 2011 aux éditions P.O.L

Générique

texte & mise en scène Valère Novarina

création

 

Théâtre de l'Odéon
5 > 30 janvier 2011

 

musique : Christian Paccoud
scénographie : Philippe Marioge
peintures : Valère Novarina
collaboration artistique : Céline Schaeffer
costumes : Renato Bianchi
lumière : Joël Hourbeigt
dramaturgie : Adélaïde Pralon & Pascal Omhovère
assistante de l'auteur : Lola Créïs
maquillage : Carole Anquetil

 

avec Julie Kpéré, Norah Krief, Manuel Le Lièvre, Mathias Levy, Olivier Martin-Salvan, Christian Paccoud, Dominique Parent, Myrto Procopiou, Agnès Sourdillon, Nicolas Struve, Valérie Vinci & Richard Pierre, Raphaël Dupleix

 

durée : 2h20

 

production déléguée L'Union des contraires
coproduction Odéon-Théâtre de l'Europe
avec l'aide du Ministère de la Culture et de la Communication
Cette œuvre a bénéficié de l'aide à la production et à la diffusion du fonds SACD Théâtre et du soutien de la Spedidam.

 

Le texte est publié en janvier 2011 aux éditions P.O.L