Le Vrai sang
texte & mise en scène Valère Novarina
du 05 janvier 2011 au 30 janvier 2011
Théâtre de l'Odéon
avec Julie Kpéré, Norah Krief, Manuel Le Lièvre, Mathias Levy, Olivier Martin-Salvan, Christian Paccoud, Dominique Parent, Myrto Procopiou, Agnès Sourdillon, Nicolas Struve, Valérie Vinci & Richard Pierre, Raphaël Dupleix
Une main écrit sur le mur :
La joie est-elle sans raison ?
Un perroquet répète sept fois :
Les mots pensent-ils pour nous ?
Valère Novarina
Le chantier ouvert par Novarina semble donc avoir puisé à plusieurs sources. D’abord, celle de l’enfance – l’âge où s’opère tout naturellement l’indistinction entre «grande culture» et traditions populaires : Faust peut être, avec profit, incarné par un clown. Ensuite, celle des étymologies italiennes du mot «carnaval», dérivé tantôt de carne levare, «ôter, enlever la chair», tantôt de carne, vale ! «adieu, la chair !».
Avant le Carême, corps ou chair carnavalesques s’exposent et s’offrent festivement, mais cette exposition est inséparable d’une disparition où la chair se dévore et où le corps se masque. Ce paradoxe était fait pour retenir l’attention de Novarina, selon qui l’acteur n’entre en scène que s’il en sort du même coup… Or cette apparition évanouissante, tout en creusant la place du théâtre, consomme – à tous les sens du terme – beaucoup d’humanité. Comme le dit encore Mme Albertine, «le seul avantage que nous avons sur les marionnettes», c’est que «les marionnettes ne peuvent offrir leur bois». L’humain, lui, est un animal qui laisse des traces sur les parois, même s’il lui faut saigner au passage (troisième source, donc : la préhistoire, le besoin chamanique de se produire par «signaux humains épars» auquel nous devons tant de mains négatives et d’«anthropoglyphes»). Le vrai sang est peut-être celui qui se donne, et qui peut servir d’encre. Ce n’est donc pas de bois que seront faits des personnages – plus d’une vingtaine – tels que Jean Monomonde, Saporigène ou la Dame du Déséquilibre, précipités dans une trentaine de scènes – dont la première, à elle seule tout un programme, s’intitule «Entrée dans le Mélodrome» !
à lire Lumières du corps de Valère Novarina, P.O.L, 2006
Le texte du Vrai sang sera publié en janvier 2011 aux éditions P.O.L