Els Gegants de la montanya

de LUIGI PIRANDELLO
mise en scène GEORGES LAVAUDANT
du 15 juin 1999 au 27 juin 1999
Théâtre de l'Odéon



avec Francesc Albiol, Pere Arquillué, Hermann Bonnin, Leo Castro, Pau Dura, Carme Elias, Llatzer Escarceller, Marisa Gerardi, Lluis Homar, Olvido Lanza, Imma Colomer, Miquel Angel Maestro, Carles Martinez, Sergi Mateu, Angels Poch, Pep Sais, Dr. Soler.

Je me sens monté à un sommet où ma voix trouve des amplitudes d'une résonance inouïe ", écrivit un jour Pirandello à propos de sa pièce. " Mon art n'a jamais été aussi plein, aussi varié et imprévu : c'est vraiment une fête pour l'esprit et pour les yeux, tout en palpitations brillantes et frais comme le givre ". Mais la mort vint surprendre l'écrivain, laissant l'oeuvre en suspens comme au bord d'un gouffre, et les mystères de ses trois premiers actes ne seront jamais dissipés. Dans sa " trilogie du théâtre dans le théâtre ", Pirandello avait exploré différentes formes de conflit entre les " éléments du théâtre " : Personnages, Acteurs, Metteur en scène, Spectateur et Public. Avec Les Géants, qui est un peu à son oeuvre ce que La Tempête est à celle de Shakespeare, il porte à une puissance nouvelle sa réflexion sur les prestiges de l'art. Lorsque la troupe de comédiens fait irruption dans le domaine de Cotrone, il semble que ce soit le théâtre lui-même, y compris celui de Pirandello, qui bascule et s'égare soudain dans les terres inconnues du mythe, et la magie qui s'y déchaëne n'est plus seulement puisée aux sources et aux paradoxes de l'identité, de l'illusion, et des faux-semblants de la représentation - comme si les puissances et les présences spectrales que Cotrone convoque à volonté habitaient un monde contenant plus de choses que la philosophie de Pirandello lui-même n'en pourrait rêver, et où le fantastique surgit dans le réel comme le bloc brut et lunaire d'un songe étrangement collectif.

En 1981, dans une mise en scène fascinante, Georges Lavaudant avait déjà exploré l'oeuvre ultime de Pirandello. A l'invitation du Théâtre National de Catalogne, il en recrée aujourd'hui sa vision : à l'ombre d'un pont suspendu dans le vide, le théâtre s'ouvrira une fois encore à la danse macabre et à l'errance de tous ses fantïmes, à la lisière indécise entre rêve et réalité.