2666

de Roberto Bolaño
adaptation et mise en scène Julien Gosselin / Cie Si vous pouviez lécher mon cœur



11h05 dont 3h d'entracte (en intégrale les week-end ou en deux soirées consécutives de 5h35 et 4h les mercredis et jeudis)

du 10 septembre au 16 octobre 2016 2016

Berthier 17e

avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier


C'est du très grand théâtre, pas de doute. Un long fleuve intranquille plein de fureur et d'amour, une célébration de la civilisation, des livres, de la littérature, tout cet art qui n'empêche pas la barbarie au XXème siècle, d'Europe aux Amériques, le règne du mal.

Armelle Héliot, Le Figaro, 11 juillet 2016

Le jeu des acteurs au plus près de la vérité de la multitude de leurs personnages, le recours à l'image qui esthétise et à une musique qui donne au plateau des allures de concert électro, tout concourt à faire de 2666 un spectacle total. (...) Le spectacle fut plébiscité lors de sa création à Avignon par une critique et un public unanimes.

Patrick Sourd, Les Inrockuptibles, septembre 2016

Les cinq parties, clairement annoncées, ne laissent aucun spectateur, même ceux qui n'ont pas lu 2666, sur le bord de la route. (...). Et il y a la troupe de Julien Gosselin, ses compagnons de la première heure, avec qui il a fondé la compagnie nommée Si vous pouviez lécher mon cœur. C'est exactement ce qu'ils font, ces excellents et valeureux combattants de 2666. Ils lèchent notre cœur jusqu'à le déchirer, en nous offrant ce que souvent l'on cherche et rarement l'on trouve : du théâtre d'aujourd'hui, qui nous parle d'aujourd'hui.

Brigitte Salino, Le Monde, 10 juillet 2016

Après Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq, Julien Gosselin et sa compagnie attaquent un chantier peut-être encore plus fou : adapter l’enquête vertigineuse sur l’écriture et le mal qu’est le chef-d’œuvre du Chilien Roberto Bolaño. Dès sa parution posthume en 2004, 2666 a été salué par la critique internationale comme l’un des grands textes du début du XXIe siècle. Bolaño, qui avait d’abord écrit de la poésie, n’était pourtant passé à la fiction narrative qu’au milieu des années 80, à l’approche de la quarantaine. Son ton très particulier le fit d’emblée remarquer – une combinaison inédite d’ironie, d’étrangeté mélancolique, d’élégance formelle et de goût pour l’allusion cryptée finissant en fausse piste, le tout au service d’un sens du réel semblant épouser naturellement les méandres d’une certaine mondialisation de l’imaginaire. Par son énormité (la traduction française compte 1 353 pages !), son statut, son contenu, l’ultime roman-cosmos de Bolaño est impossible à résumer. Ses cinq parties peuvent se lire séparément. Elles se jouent entre l’Ancien et le Nouveau monde et s’étendent des lendemains de la première Guerre mondiale jusqu’à nos jours. L’univers tel que Bolaño le donne à voir paraît avoir son centre nulle part et sa circonférence partout. Ou alors, si centre il y a, celui-ci ne cesse de se dérober (Bolaño lui-même, dans ses notes, parlait d’un « centre secret »). La plupart des personnages semblent tenter de progresser, souvent à leur insu, vers un point de fascination magnétique où toutes les lignes du destin se croiseraient, où toutes leurs questions trouveraient leur réponse – mais ce point reste insaisissable.

Du moins, il paraît avoir une sorte d’équivalent, nommé et situable sur une carte : Santa Teresa, ville imaginaire inspirée de Ciudad Juárez (tristement célèbre pour la série barbare de viols et meurtres de femmes qui a fait plusieurs milliers de victimes depuis 1993). Les cinq sections de 2666 y convergent énigmatiquement. Le mouvement s’engage dans « la partie des critiques », où quelques universitaires se mettent en tête de retrouver Benno von Archimboldi, l’écrivain allemand sur lequel portent leurs recherches. Leur quête les conduit jusqu’à Santa Teresa. Elle inaugure une série de voyages, d’errances, de dérives sans lien apparent entre elles, qui toutes ramènent en terre mexicaine. Quel rapport entre les horreurs de Santa Teresa et celles de la deuxième Guerre mondiale, à laquelle le jeune Archimboldi participe sous l’uniforme du Reich ?  Bolaño laisse ses lecteurs mener leur propre enquête, sans élucider explicitement la nature de la relation qui semble se nouer entre l’écriture (critique, journalistique, artistique) et le mal.

Julien Gosselin sait que l’œuvre, à l’image du réel qu’elle reflète, refuse toute réponse simple à ceux qui essaient de s’y orienter. Il sait aussi que la scène peut être à la taille d’un roman qui s’est voulu à la mesure du monde. Il a conçu un spectacle foisonnant, débordant d’énergie, qui soit « pour le spectateur ce que 2666 est pour le lecteur, énorme, infini, jouissif, pénible parfois ».

Avec le

Ce spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans, certaines scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.