avec Michel Corvin
textes lus par Marie Micla


Dix ans après le surgissement du théâtre dit de l’absurde (qu’il vaudrait mieux nommer théâtre de la condition humaine), Roland Dubillard, avec ses Naïves hirondelles (1961), renouvelle l’approche : ses héros ont le désespoir discret  et une volonté de vivre clignotante. Ce sont des rêveurs et des inconséquents qui veulent tout avaler mais que le moindre obstacle déroute : il semble que les objets se liguent contre eux pour qu’ils prennent conscience de leur inaptitude à vivre dans ce monde-ci. Pour ainsi dire absents à eux-mêmes, ils traversent une vie faite de petits riens avec une fraîcheur étonnée qui, sans le vouloir, fait humour de tout. Sous les dehors de l’insignifiance, Dubillard  prouve (et ce sera bien plus net dans la suite de sa carrière) qu’il a une pensée personnelle sur l’essentiel. Son ton est unique dans tout le théâtre français.
Michel Corvin



Rencontre animée par Jean-Yves Tadié