Qu’allait-elle lui dire ? Le mot “aimer” y serait-il ? Jamais elle ne l’avait écrit, jamais elle ne l’avait prononcé sans le faire suivre du mot “bien”. – “Je vous aime bien.” – “Je vous aime beaucoup.” – “Est-ce que je ne vous aime pas ?” Il les connaissait, ces formules qui ne disent rien par ce qu’elles ajoutent. Peut-il exister des proportions quand on subit l’amour ? Peut-on juger si on aime bien ou mal ? Aimer beaucoup, comme c’est aimer peu ! On aime, rien de plus, rien de moins. On ne peut pas compléter cela. On ne peut rien imaginer, on ne peut rien dire au-delà de ce mot. Il est court, il est tout. Il devient le corps, l’âme, la vie, l’être entier. On le sent comme la chaleur du sang, on le respire comme l’air, on le porte en soi comme la Pensée, car il se fait l’unique Pensée.
Notre cœur, extrait
Rencontre animée par Daniel Loayza
Née en 1966, Delphine de Vigan est romancière et scénariste.
No et moi, Heures souterraines éd. Jean-Claude Lattès.
Rien ne s’oppose à la nuit – Prix du roman Fnac, Prix France Télévision et Prix Renaudot des lycéens, 2011
Infos pratiques
« 50 ans, 1000 titres au catalogue, des centaines de milliers de lecteurs – et un seul mot d’ordre : l’amour des classiques !
Parce que chacun de nous, sur les bancs de l’école ou bien plus tard, a fait l’expérience d’une lecture qui a changé sa vie, nous avons invité pour fêter avec vous les cinquante ans de la collection, six écrivains à nous parler du classique sans lequel ils ne seraient peut-être pas devenus ce
qu’ils sont...»
Charlotte von Essen
en partenariat avec Flammarion, dans le cadre des 50 ans de la GF
avec le soutien de BibliObs