avec Solange Cheloudiakoff, Ludovic Galvan, Ximena Figueroa, Yannick Hugron, Benjamin Houal, Céline Remy, Thierry Verger, Béatrice Warrand
Avant toute chose, avant tout spectacle, la scène du théâtre est nue, aride comme une terre sèche où rien ne semble pouvoir pousser, pas le moindre geste, pas le moindre mot. Soudain surviennent de toutes parts des silhouettes jetées, des corps sans ombre sous cent soleils, des illusions, des fantômes qui se révéleront bientôt être autant de corps réels, mobiles, à la chair éclatante, à l'énergie démesurée. C'est le début d'une aventure insensée, qui n'a pas encore de nom ni de destination, et qui plus tard s'appellera danse. Une chorégraphie de Jean-Claude Gallotta est ainsi faite. On ne sait jamais d'où elle vient, quel est son village natal, quelles rencontres elle fera, quelles amours elle provoquera. C'est en se frayant son chemin qu'elle découvre son but, c'est en écoutant le choc des corps qu'elle déchiffre son rythme. Elle s'invente comme le roman de Cervantès : à mesure qu'elle s'écrit. Celle-ci emprunte à Don Quichotte ses élans, ses toquades, ses combats chimériques, ses rêves d'amour. Comme lui, elle se rend capable de prouesses et de fatigues, de sublime et de grotesque, parcourue comme lui, sur toute la longueur de sa colonne vertébrale, par le sentiment tragique de la vie. Mais le vieux chevalier lui-même s'est effacédevant ses songes, laissant la scène se peupler de ses visions, de ses souvenirs, de bribes de rêve et de réel entremêlées... Don Quichotte s'est bien battu. Ses aventures sont un véritable opéra sémaphorique, et la danse ne pouvait qu'y trouver matière. Dès lors, Jean-Claude Gallotta et ses huit danseurs n'illustrent pas la fable. Ils découvrent en eux-mêmes la même folie vitale que ce vieil enfant mythique qui eut toutes les audaces. Ils s'en émerveillent. Avec lui, ils partagent le goût d'aller taquiner le réel pour se sentir vivre. Ils pourraient adopter nombre de ses aphorismes. Celui-ci, par exemple : "La plus grande folie que puisse faire un homme en cette vie, c'est de se laisser mourir".
Claude-Henri Buffard
Lire aussi :
Cervantès : L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, tr. Aline Schulman, éd. du Seuil, 1997.
Générique
chorégraphie de Jean-Claude GALLOTTA
chorégraphie et répétitrice : Mathilde Altharaz
répétiteur : Darell Davis
costumes : Laurent Pelly, assisté de Céline Marin
lumière : Jean-Claude Gallotta - Sylvain Fabry
conception de la bande sonore : Groupe Strigale
avec Solange Cheloudiakoff, Ludovic Galvan, Ximena Figueroa, Yannick Hugron, Benjamin Houal, Céline Remy, Thierry Verger, Béatrice Warrand
production : Centre Chorégraphique National de Grenoble
coproduction : l'Hippodrome-Scène Nationale de Douai, Le Cargo-Maison de la Culture de Grenoble avec le soutien de l'Espace Malraux-Scène Nationale de Chambéry
Spectacle créé le 2 février 1999 à l'Hippodrome-Scène Nationale de Douai