avec Véronique Alain, Julia Bernat, Élodie Bordas, Paulo Camacho, Azelyne Cartigny, Philippe Duclos, Vincent Fontannaz, Viviane Pavillon, Matthieu Sampeur, Valerio Scamuffa
Artiste associée à l’Odéon, la Brésilienne Christiane Jatahy travaille depuis longtemps sur le statut de l’étranger, l’accueil de l’exilé, les miroirs qu’ils nous tendent : en témoignent ses deux précédents spectacles, Ithaque et Le Présent qui déborde, inspirés de l’Odyssée. Après Homère, elle puise sa matière dans l’un des films les plus forts des années 2000. Frappée par l’évolution politique récente de son pays, elle a vu dans Dogville de Lars von Trier l’instrument idéal pour mettre à nu les racines du mal en toute communauté. Sa libre adaptation de la trame du film lui permet de lier théâtre et cinéma de façon à multiplier les centres d’attention, de la vue panoramique au très gros plan, invitant ainsi le public à changer sans cesse de point de vue sur l’action en cours. “Dans l’ombre et la lumière”, écrit-elle, “tout sera visible : les acteurs filmés et filmant, les scènes, la musique, le montage – tout ne sera que fiction. Une fiction racontant l’histoire d’une femme brésilienne. Une femme qui s’auto-exile. Elle fuit le fascisme et sans s’en rendre compte, se jette dans ses bras, comme un être qui avance, résolu, vers son destin tragique. Cela pourrait se passer n’importe où dans le monde. Mais c’est ici et maintenant. Un lieu fictif qui peine à intégrer le réel.” Sur ce carrefour entre scène et plateau, Jatahy réunit autour de Julie Bernat, son actrice de prédilection, une distribution franco-suisse avec laquelle poser à nouveau la question qui hante tous ses spectacles : comment rompre le cycle qui nous entraîne vers le pire, que faisons-nous pour réellement changer ?
Dans la presse
Les mises en abyme de Christiane Jatahy, La Grande Table Culture, mars 2022, France Culture
« Une mise en abyme virtuose de Dogville de Lars von Trier. »
— Libération (+)
« Christiane Jatahy provoque nos démons, avec une obstination qui est une grâce. »
— Le Temps (+)
« Christiane Jatahy a l'art de passer de l'intime au politique, d'être à la fois dedans et dehors, presque simultanément. Du grand art. »
— Le Courrier (+)
« Le théâtre de Christiane Jatahy aspire à changer le cours de l'histoire, à défaut de changer le monde. Et c'est déjà beaucoup. »
— L'Humanité (+)
Générique
adaptation / mise en scène / réalisation filmique Christiane Jatahy
collaboration artistique / scénographie / lumière Thomas Walgrave
direction de la photographie Paulo Camacho
musique Vitor Araujo
costumes Anna Van Brée
système vidéo Julio Parente, Charlélie Chauvel
son Jean Keraudren
collaboration et assistanat Henrique Mariano
assistante à la mise en scène Stella Rabello
production Comédie de Genève
coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa, Théâtre national de Bretagne – Rennes, Maillon Théâtre de Strasbourg – scène européenne
la tournée 2021-2022 est organisée avec le soutien de Pro Helvetia, fondation suisse pour la culture
Lars von Trier est représenté en Europe francophone par Marie Cécile Renauld, MCR Agence Littéraire en accord avec Nordiska ApS.
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Biographie de Christiane Jatahy
Née à Rio de Janeiro, Christiane Jatahy est auteure, metteure en scène et réalisatrice. Elle diplômée d’études théâtrales et de journalisme et titulaire d’un Master en art et philosophie.
Depuis 2003, elle développe un travail autour des zones de frontières : frontières entre les disciplines artistiques, entre la réalité et la fiction, l’acteur et le personnage, le théâtre et le cinéma. Parmi ses premières performances figure Conjugado, A falta que nos move et Corte Seco.
En 2010, elle lance son premier long métrage, A falta que nos move (en français, Le manque qui nous meut) à partir de la pièce de théâtre du même nom. Malgré sa configuration radicalement expérimentale – le film a été tourné en un plan séquence de 13h, la veille de noël, en un seul lieu – il a été largement plébiscité, restant à l’affiche des salles de cinémas au Brésil pendant plus de 12 semaines et étant invité dans plusieurs festivals internationaux.
En 2011, elle créé Julia, une libre adaptation de Mademoiselle Julie de Strindberg dans laquelle elle approfondit sa recherche sur les espaces de tension entre le théâtre et le cinéma. La pièce est récompensée par le Shell Award 2012 de la meilleure mise en scène au Brésil et joue plus de 300 fois dans des théâtres et des festivals majeurs en Europe et aux Etats-Unis.
En 2012, dans le cadre du programme culturel des Jeux Olympiques de la même année, elle créé, dirige et coordonne In the comfort for your home, une série d’interventions, de travaux documentaires, de performances et d’installations vidéos réalisés par 30 artistes brésiliens dans l’intimité de foyers à Londres.
En 2013, elle développe le projet d’installation audiovisuelle et documentaire Utopia.doc, sa première recherche sur les questions de foyer, de l’exil et des réfugiés. Ce projet a été présenté à Paris, Francfort et Sao Paulo. En 2014, elle présente pour la première fois What if they went to Moscow? spectacle librement inspiré des Trois sœurs d’Anton Tchekhov. Partageant le public entre un cinéma et un théâtre (et les faisant s’inverser à l’entracte) What if… rencontre un grand succès du public et de la critique, il remporte le Prix Shell de la meilleure mise en scène, le prix Questao de Critica et le prix APTR au Brésil et est largement salué par la presse de nombreux pays. Sept ans après sa création What if they went to Moscow? continue de tourner dans différents pays.
En 2015, Christiane Jatahy conclue la Trilogie de la mémoire (comprenant Julia et What if they went to Moscow?) avec la création d’A floresta que anda (La forêt qui marche). Inspirée du Macbeth de Shakespeare, cette création combine une performance live, une installation vidéo et du cinéma en direct.
En 2016, Christiane Jatahy dirige son premier opéra en mettant en scène Fidelio de Beethoven au Teatro Municipal de Rio de Janeiro en alliant spectacle vivant, éléments cinématographiques et chœur lyrique.
En 2017, à l’invitation de la Comédie Française, elle crée La Règle du Jeu d’après le chef-d’œuvre de Jean Renoir. La même année, le Festival Theater der Welt et le Thalia Theatre de Hambourg lui donnent carte blanche et elle imagine et met en œuvre l’installation/performance Moving people de nouveau autour de la question des réfugiés, ainsi qu’une adaptation de Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès.
En 2018, la Ville de Lisbonne la nomme « Artista na Cidade » (artiste de la ville) et elle y présente son œuvre tout au long de l’année dans les principaux théâtres, cinémas, festivals, espaces culturels de la capitale portugaise. La même année, allant plus loin dans sa recherche sur la problématique des réfugiés, elle entame le travail autour d’un diptyque, Notre Odyssée, inspiré de l’Odyssée d’Homère. La première partie, Ithaque est créé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe à Paris, confrontant l’épopée d’Homère et la réalité de ceux qui aujourd’hui traversent la méditerranée.
La deuxième partie, O agora que demora (en français Le présent qui déborde) croise l’Odyssée avec du matériel documentaire tourné en Palestine, au Liban, en Afrique du Sud, en Grèce et en Amazonie. C’est un dialogue entre théâtre et cinéma, mêlant la fiction grecque classique à des histoires vraies d’artistes réfugiés. Le présent qui déborde a été présenté en avant-première au SESC Sao Paulo puis créé au Festival d’Avignon. Il a poursuivi sa tournée en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
En 2021 elle dévoile Entre Chien et Loup, une production de la Comédie de Genève, créée au Festival d’Avignon, une étude sur les mécanismes du fascisme dans une communauté en prenant comme point de départ le film Dogville de Lars Von Trier. C’est le premier volet d’une Trilogie de l’horreur qui dissèque les horreurs que vit le Brésil sous le régime de Bolsonaro.
La deuxième partie Before the Sky Falls (créée à la Schauspielhaus de Zurich en octobre 2021) tisse un lien entre le Macbeth de Shakespeare et The Falling sky de Davi Kopenawa et Bruce Albert, pour aborder la violence de la masculinité toxique, le pouvoir politique du patriarcat et son agression inhérente contre le féminin dans toutes ses émanations – les femmes, les enfants et finalement la nature et la terre elle-même.
Le troisième et dernier volet Depois do Silencio (Après le silence) basé sur le roman Torto Arado d’Itamar Veira Junior aborde plus particulièrement la question du racisme structurel, de la terre et du territoire et a été créée au Wiener Festwochen en juin 2022.
Durant la saison 2021-2022, Christiane Jatahy est artiste invitée du MUCEM à Marseille, y présentant plusieurs de ces créations et quelques propositions et interventions pensées in situ.
Aujourd’hui, Christiane Jatahy est artiste associée à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, au CENTQUATRE-Paris, à la Schauspielhaus de Zürich, Arts Emerson Boston et au Piccolo Teatro de Milan Teatro d’Europa. Sa compagnie, la Compagnie Vertice est conventionnée par la Direction Régionale des affaires culturelles d’ïle-de-France, et le Ministère de la Culture français.
Christiane Jatahy a reçu en janvier 2022 le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre théâtrale et a également reçu du Ministère de la Culture français la décoration de chevalière de l’ordre des Arts et des Lettres.
Infos pratiques
durée estimée 1h40
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h
relâche le 6 mars
ce spectacle est déconseillé aux spectateurs de moins de 15 ans
représentations surtitrées en anglais les samedis 12, 19, 26 mars
Autour du spectacle
Avant-premières les 3 et 4 mars