Avec 
Sharif Andoura, Pauline Bélier, Gabriel Dahmani, Boutaïna El Fekkak, Pierre-Félix Gravière, Anne-Lise Heimburger, Arthur Igual, Sébastien Lefebvre

« Ce poème est le poème de l’obsession de l’identité et, en même temps, de son broyage. » Pétrole est le dernier chantier de Pasolini, publié dix-sept ans après son assassinat. Malgré son caractère inachevé, le recueil est souvent présenté comme la synthèse de toute son œuvre, la somme de toutes ses expériences vécues. L’ouvrage s’offre ainsi, selon Sylvain Creuzevault, comme une « continuité de force(s), dans une discontinuité de formes » : un ouvrage dont les béances et les lacunes ne relèvent pas d’un manque, mais témoignent du refus fondamental de Pasolini de constituer une œuvre cohérente et unifiée — à l’image de sa pensée elle-même, traversée par les doubles et les antagonismes. Objet de nombreuses relectures critiques, Pétrole semble répondre aussi bien au projet d’inventer une nouvelle forme romanesque qu’au dessein politique de saisir, par la multiplicité des points de vue, l’Italie des années 1960-70, en proie à « la stratégie de la tension ». L’écriture fragmentée de l’ouvrage se présente ainsi comme une série de notes juxtaposées, où se succèdent sans logique apparente, bribes narratives, visions symboliques, fables mystiques, réflexions politiques et considérations esthétiques de l’auteur — le tout sur fond d’enquête : les causes mystérieuses de l’assassinat du géant pétrolier Enrico Mattei. Pasolini interroge son présent immédiat, à travers le double voyage de Carlo Valletti, un ingénieur coupé en deux dès le début du roman. Tandis que son premier avatar, Carlo I, connaît une ascension fulgurante au sein de l’ENI (l’Entreprise nationale des hydrocarbures italienne), Carlo II se dévoue entièrement à une frénétique quête sexuelle, dépourvue d’interdits. En donnant corps à Pétrole, Sylvain Creuzevault fait dialoguer une littérature poussée à ses limites avec un théâtre qui, tout comme le roman, se déploie en un assemblage inachevable. Il nous convie — et nous guide — dans une plongée vertigineuse au cœur des visions pasoliniennes de l’enfer et du paradis italien des années 1960-1970. Au cœur des terrains vagues de Rome, le metteur en scène poursuit l’édification de son « cabajoutis » — métaphore revendiquée de son théâtre : ces bâtisses faites d’éléments dissemblables, où la trace des outils reste visible.

Générique

texte français
René de Ceccatty

scénographie
Jean-Baptiste Bellon,Valentine Lê

lumière
Vyara Stefanova

vidéo
Simon Anquetil, François-Joseph Botbol

musique
Pierre-Yves Macé

son
Loïc Waride

costumes
Constant Chiassai-Polin

masques
Loïc Nébréda

maquillage, perruques
Mityl Brimeur

stagiaire
Toscane Piard

assistanat à la mise en scène
Émilie Hériteau, Ivan Marquez

régie générale, régie plateau
Clément Casazza

administration de production
Anne-Lise Roustan

production,
Élodie Régibier


Pier Paolo Pasolini, Pétrole, traduit de l’italien par René de Ceccatty, Gallimard, collection L’Imaginaire,2022 (édition revue et augmentée, première parution en 1995)

production
Le Singe

coproduction
Odéon Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne, Bonlieu scène nationale d’Annecy, Comédie de Saint-Étienne, Comédie de Reims, L’empreinte scène nationale Brive-Tulle, Théâtre Vidy- Lausanne, La Comète scène nationale de Châlons-en-Champagne, Malraux scène nationale de Chambéry Savoie la compagnie Le Singe est soutenue par le ministère de la culture / Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France et par la région Île-de-France

dans le cadre du Projet Interreg franco-suisse n°20919 — LACS — Annecy-Chambéry-Besançon-Genève-Lausanne

en coréalisation avec
le Festival d’Automne

cinq dates

27 janvier 2018 Banquet Capital, d’après Karl Marx.

25 septembre 2020 Le Grand Inquisiteur, d’après Fédor Dostoïevski.

21 juillet 2021 Les Frères Karamazov, d’après Fédor Dostoïevski.

23 mai 2023 L’Esthétique de la résistance, d’après Peter Weiss.

19 septembre 2023 Edelweiss [France Fascisme], création.