Lenz

d'après GEORG BÜCHNER
un spectacle de et avec MARIE-PAULE TRYSTRAM
du 14 mai 2002 au 31 mai 2002
Petit Odéon



Le 20 janvier 1778, le poète Jakob Michael Reinhold Lenz, alors âgé de vingt-sept ans, frappa à la porte du pasteur Oberlin, à Waldersbach, petit village de la vallée du Ban de la Roche, à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg. Il était seul, épuisé, dénué de tout ; le pasteur lui offrit son hospitalité. Malgré les soins qu'il lui prodigua, le délabrement mental de Lenz ne fit qu'empirer. Le 8 février, il fallut le faire transporter à Strasbourg sous bonne garde. Oberlin, dans son journal, avait scrupuleusement noté les incidents les plus marquants du séjour de Lenz, ses crises, ses propos, ses symptômes.
Plus d'un demi-siècle plus tard, à son retour dans la capitale alsacienne, Büchner put consulter le journal d'Oberlin, recueillir d'autres témoignages, et rendre compte, au plus près, du mouvement d'une pensée s'enfonçant dans les ténèbres. L'acuité de vertige, la netteté clinique avec lesquelles Büchner restitue le monde menacé de son héros (ainsi que la propagation des fissures de ce qu'on appelle aujourd'hui la schizophrénie) suffisaient à faire époque dans la langue, inscrivant les quelques pages de Lenz parmi les plus importantes de la littérature allemande.
En 1980, Marie-Paule Trystram en avait interprété le texte une première fois, en Avignon et à Grenoble. En reprenant son spectacle au Petit Odéon, elle complète une saison au cours de laquelle notre théâtre aura présenté l'ensemble de l'oeuvre littéraire de Büchner.