avec Philippe Girard, Frédéric Giroutru, Mireille Herbstmeyer
La parole doit être exacte.
Eschyle
Les Sept, dans la vision qu’en offre Olivier Py, montre un homme déchiffrant les images de l’épouvante que l’ennemi brandit aux portes de la cité assiégée, et qui en déjoue les pièges afin d’y puiser de nouvelles raisons d’espérer. Cet homme ne se doute pas encore qu’il lui faudra combattre son propre frère ; le moment venu, brisé d’abord par la nouvelle, il se relève et part rejoindre son destin.
Dans Les Suppliantes, un choeur de femmes fuyant des noces auxquelles on veut les contraindre vient demander asile et protection en terre d’Argos. La situation, sans autre ressort dramatique que les affres des malheureuses, suffit à évoquer des questions aussi essentielles que la violence faite aux femmes, l’exil et le malheur des réfugiés, l’hospitalité comme devoir.
Le sujet des Perses, enfin, était fait pour frapper les esprits athéniens : l’aîné des Tragiques y transporte son public au coeur du territoire ennemi. La scène est à Suse, devant le palais royal de Perse. La mère de Xerxès et le choeur des Fidèles attendent le retour du roi – qui ne peut être que triomphal, tant les forces grecques sont inférieures en nombre. Pourtant un sombre pressentiment trouble la reine mère… Eschyle ne s’est pas borné à imaginer les faits qu’il rapporte. Il a lui-même combattu les Perses à Salamine (480 av. J.-C.). Composée huit ans après la bataille, la terrible description des ennemis tombés à l’eau, que les Grecs frappent «comme des thons ou comme un plein filet de poissons», est due à un témoin qui a vu de ses yeux la mer, ce jour-là, prendre la teinte du sang. Mais le poète du camp victorieux laisse ici la parole aux vaincus, dont la défaite devient ainsi un miroir de notre humanité commune. Aveuglement et démesure n’engendrent que désastre : de part et d’autre du gouffre qui semble séparer Grecs et Barbares, des hommes – fous ou sages, braves ou arrogants, rien que des hommes, confrontés à leur mortalité et aux mêmes dures leçons qu’elle inflige à tous, également.
à lire Introduction au théâtre grec antique de Paul Demont & Anne Lebeau, LGF, 2008
tournée Hors les murs : rpodeon@theatre-odeon.fr
Générique
texte français & adaptation Olivier Py
Théâtre de l'Odéon – Salon Roger Blin
26 avril > 21 mai 2011
avec Philippe Girard, Frédéric Giroutru, Mireille Herbstmeyer
Les Sept contre Thèbes
créé le 19 janvier 2009 à l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Les Suppliantes
créé le 24 février 2010 à l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Les Perses
création
Eschyle est le grand poète de l’attente. Dans Les Sept comme dans Les Suppliantes, tout le drame repose sur une imminence toujours plus lourde. En 472, il surprend son public athénien en situant l’attente tragique en plein cœur de l’empire perse. Les Perses sont la seule tragédie conservée dont le sujet n’est pas emprunté au vieux fonds mythique, mais à l’histoire contemporaine, comme si la distance dans l’espace devait compenser la proximité dans le temps. Et loin de célébrer bruyamment la victoire grecque, le drame fait toute sa place, par-delà la gratitude due aux dieux secourables, à l’affliction des Barbares – ces odieux envahisseurs, aveuglés par l’orgueil, qui restent malgré la guerre nos frères en mortalité.
production Odéon-Théâtre de l'Europe
Tarifs : 12€ et 6€ (série unique)
Tarif intégrale : 30€
Intégrale les samedis 7, 14 et 21 mai à 14h